Aller au contenu

Aller à la table des matières

Quand l’ancienne Jérusalem a-t-elle été détruite ? — Première partie

Quand l’ancienne Jérusalem a-t-elle été détruite ? — Première partie

Quand l’ancienne Jérusalem a-​t-​elle été détruite ? — Première partie

L’importance de cette question. — Ce qu’indiquent les éléments de preuve.

Cet article de La Tour de Garde aborde des aspects techniques concernant la date de la destruction de l’ancienne Jérusalem. Il se terminera dans la prochaine édition de notre revue. S’appuyant sur une abondante documentation et sur la Bible, cette étude répond à des questions qui intriguent certains de nos lecteurs.

“ Les historiens et les archéologues situent généralement la destruction de Jérusalem en 586 ou 587 avant notre ère *. Pourquoi vous, les Témoins de Jéhovah, écrivez-​vous que cet événement a eu lieu en 607 ? Sur quoi vous appuyez-​vous pour affirmer cela ? ”

CETTE question nous a été posée par un de nos lecteurs. Mais, direz-​vous, quelle importance ? La date exacte du saccage de Jérusalem par le roi babylonien Nabuchodonosor II est-​elle à ce point cruciale ? Elle l’est, à plus d’un titre. En premier lieu parce que cet événement a constitué un tournant dans l’histoire du peuple de Dieu, “ une catastrophe, ou plus exactement, la pire des catastrophes ”, ainsi que l’écrivait un historien. Cette date reste liée à la disparition d’un temple qui avait été le centre du culte du Dieu Tout-Puissant pendant plus de quatre siècles. “ Ils ont souillé ton temple sacré, s’est lamenté un psalmiste dans une prière ; ils ont fait de Jérusalem un tas de ruines. ” — Psaume 79:1, Bible de Jérusalem *.

En second lieu parce que savoir avec précision en quelle année a eu lieu “ la pire des catastrophes ” et discerner que le rétablissement du culte de Jéhovah à Jérusalem était l’accomplissement d’une prophétie biblique très précise, tout cela ne peut que renforcer votre confiance dans la fiabilité de la Parole de Dieu. Ainsi donc, pourquoi les Témoins de Jéhovah s’en tiennent-​ils à une date qui diffère d’une vingtaine d’années de celle couramment admise ? En un mot, en raison des éléments que la Bible elle-​même fournit.

“ Soixante-dix ans ” pour qui ?

Des années avant la chute de Jérusalem, le prophète juif Jérémie a livré un indice essentiel à la chronologie biblique. Il a proclamé “ à tous les habitants de Jérusalem ” cet avertissement : “ Ce pays tout entier deviendra un champ de ruines, une étendue désolée, et toutes ces nations serviront le roi de Babylone pendant soixante-dix ans. ” (Jérémie 25:1, 2, 11, Traduction Œcuménique de la Bible). Le prophète a plus tard fourni une précision : “ Car voici ce qu’a dit Jéhovah : ‘ Conformément à l’accomplissement des soixante-dix ans à Babylone, je m’occuperai de vous, et vraiment je réaliserai à votre égard ma bonne parole, en vous ramenant dans ce lieu. ’ ” (Jérémie 29:10). À quoi se rapportent ces “ soixante-dix ans ” ? Et comment cette période entre-​t-​elle dans le calcul de la destruction de Jérusalem ?

Au lieu de parler de 70 ans “ à Babylone ”, de nombreuses traductions portent la tournure “ pour Babylone ”. (TOB.) Certains historiens affirment donc que cette période de 70 ans concerne l’Empire babylonien. La chronologie profane indique en effet que les Babyloniens ont tenu sous leur coupe le pays de Juda ainsi que la ville de Jérusalem pendant environ 70 ans, soit de 609 à 539, date de la chute de la ville de Babylone.

La Bible établit cependant que les 70 ans devaient constituer une période de châtiment venant de Dieu ; elle concernait donc au premier chef les habitants de Juda et de Jérusalem, qui lui avaient juré obéissance par une alliance (Exode 19:3-6). En raison de leur impénitence, Dieu avait décrété : “ Je donne ordre [...] en faisant appel à Nabuchodonosor [Neboukadnetsar], roi de Babylone, [...] contre ce pays, contre ses habitants — et contre toutes ces nations voisines. ” (Jérémie 25:4, 5, 8, 9, TOB). Les nations d’alentour allaient elles aussi subir la furie de Babylone, mais la destruction de Jérusalem et les 70 ans d’exil qui suivraient seraient selon les termes de Jérémie “ la punition de la fille de mon peuple ” parce que Jérusalem avait “ gravement péché ”. — Lamentations 1:8 ; 3:42 ; 4:6, Maredsous.

Ainsi, selon la Bible, les 70 ans ont été pour Juda un châtiment ardent, et les Babyloniens ont été l’instrument de Dieu. Dieu avait cependant précisé aux Juifs : “ Quand le pouvoir de Babylone aura duré 70 ans, [...] je vous ramènerai ici à Jérusalem. ” — Jérémie 29:10, Parole de Vie.

Quand les “ soixante-dix ans ” ont-​ils débuté ?

Esdras (Ezra), un des écrivains inspirés de la Bible, a vécu après les 70 ans annoncés par le prophète Jérémie. Dans sa chronique historique de l’époque, il raconte que Nabuchodonosor “ exila à Babylone ceux qui échappèrent à l’épée et ils lui furent asservis, à lui et à ses fils, jusqu’à ce que le royaume de Perse prenne le pouvoir. Ainsi s’accomplit la parole de l’Éternel prononcée par Jérémie : jusqu’à ce que le pays ait compensé ses sabbats, durant toute la période où il fut dévasté, il se reposa, jusqu’à la fin des 70 ans ”. — 2 Chroniques 36:20, 21, Segond 21.

Ainsi, les 70 ans devaient être une époque où le pays de Juda et Jérusalem bénéficieraient de “ sabbats ”. Autrement dit, le pays ne serait pas cultivé ; personne ne sèmerait son champ ni ne taillerait sa vigne (Lévitique 25:1-5, TOB). L’un des péchés du peuple de Dieu était de ne pas avoir respecté toutes les années sabbatiques ; en punition de leur désobéissance, le pays devait rester inculte et désert pendant 70 ans. — Lévitique 26:27, 32-35, 42, 43.

Quand la désolation et l’abandon du pays de Juda ont-​ils débuté ? Il est de fait que, durant le règne de Nabuchodonosor, les Babyloniens ont attaqué Jérusalem à deux reprises, à une dizaine d’années de distance. Où se situe le début des 70 ans ? Certainement pas après le premier siège de Jérusalem. Pourquoi disons-​nous cela ? S’il est vrai que Nabuchodonosor a emmené en captivité à Babylone de nombreux habitants de Jérusalem, il n’a cependant pas dépeuplé complètement le pays. De plus, il laissa subsister la ville. Après la déportation, la population restée dans le pays de Juda, “ la classe des petites gens du peuple ”, vécut pendant plusieurs années des produits du sol (2 Rois 24:8-17). Mais ce n’était pas la fin de l’histoire.

En raison d’une révolte juive, les Babyloniens sont revenus à Jérusalem (2 Rois 24:20 ; 25:8-10). Ils ont rasé la ville avec son temple sacré et ont déporté de nombreux habitants à Babylone. En l’espace de deux mois, “ tout le peuple [qui avait été laissé dans le pays], du plus petit au plus grand, et les chefs des troupes partirent et allèrent en Égypte, parce qu’ils eurent peur des Chaldéens ”. (2 Rois 25:25, 26, Jérusalem.) Ce n’est qu’à ce moment-​là, en Tishri, le septième mois dans le calendrier juif (septembre/octobre), que l’on put dire que le pays était entré dans son sabbat. Par la bouche de Jérémie, Dieu fit remarquer aux Juifs réfugiés en Égypte : “ Vous savez bien tous les malheurs que j’ai fait venir contre Jérusalem et contre les villes de Juda : les voilà maintenant en ruine, personne n’y habite. ” (Jérémie 44:1, 2, TOB). Tout porte donc à croire que c’est cet événement qui marqua le début des 70 ans. Mais à quelle année cela correspond-​il ? Pour le savoir, nous allons nous intéresser à la fin de ladite période.

Quand les “ soixante-dix ans ” ont-​ils pris fin ?

Le prophète Daniel, qui a vécu “ jusqu’à ce que le royaume de Perse prenne le pouvoir ”, se trouvait sur place, à Babylone, à ce moment-​là. Il avait déterminé par le calcul quand les 70 ans devaient prendre fin. “ Moi, Daniel, raconte-​t-​il, je scrutai les Écritures, computant le nombre des années – tel qu’il fut révélé par Yahvé au prophète Jérémie – qui doivent s’accomplir pour les ruines de Jérusalem, à savoir soixante-dix ans. ” — Daniel 9:1, 2, Jérusalem.

Esdras, qui s’était lui aussi penché sur les prophéties de Jérémie, a établi un lien entre “ la fin des 70 ans ” et le moment où “ l’Éternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse ” de sorte que le monarque fit faire une proclamation (2 Chroniques 36:21, 22, Segond 21). Quand les Juifs ont-​ils été libérés ? Le décret mettant fin à leur captivité a été émis dans “ la première année du règne de Cyrus ”. (Voir l’encadré  “ Une date fondamentale ”.) Par conséquent, à l’automne 537, ils étaient de retour à Jérusalem pour y rétablir le culte de Jéhovah. — Esdras 1:1-5 ; 2:1 ; 3:1-5.

Ainsi, dans la chronologie biblique, les 70 ans sont une période à prendre au sens littéral et qui a pris fin en 537 avant notre ère. Le début de cette période se situerait donc 70 ans plus tôt, en 607.

Puisque les éléments de preuve de l’Écriture inspirée situent clairement la destruction de Jérusalem en 607, pourquoi de nombreux spécialistes soutiennent-​ils qu’elle eut lieu en 587 ? Parce qu’ils s’appuient et sur les écrits des historiens classiques et sur le Canon de Ptolémée. Mais ces sources sont-​elles davantage dignes de confiance que la Bible ? Examinons cet aspect du problème.

Les historiens classiques : sont-​ils infaillibles ?

Les historiens qui ont vécu dans les siècles suivant la destruction de Jérusalem nous ont livré des renseignements contradictoires sur les souverains néo-babyloniens *. (Voir l’encadré  “ Les souverains néo-babyloniens ”.) La chronologie qui se dégage de leurs travaux ne concorde pas avec celle fournie par la Bible. Mais leurs écrits sont-​ils infaillibles ?

Un des historiens les plus proches de la période néo-babylonienne fut Bérose, un Babylonien “ prêtre de Bel ”. Son œuvre, intitulée les Babyloniaca, composée vers 281 avant notre ère, a disparu ; seuls nous sont parvenus des extraits cités par d’autres historiens. Bérose prétendait avoir compulsé “ les archives qui avaient été gardées avec grand soin par les prêtres de Babylone”. Bérose était-​il un historien au plein sens du terme ? Arrêtons-​nous sur un exemple.

Bérose écrit que le roi assyrien Sennachérib (Sennakérib) accéda au trône après “ le règne de [son] frère ” ; “ après lui, son fils [Assarhaddon régna] 8 ans ; et ensuite Sammughes [Shamash-shoum-oukin] 21 ans ”. (III, 2.1, 4.) Cependant, des documents historiques babyloniens écrits bien avant l’époque de Bérose affirment que Sennachérib a succédé sur le trône à son père, Sargon II, et non à son frère ; Assarhaddon a régné 12 ans, et non 8 ; enfin, Shamash-shoum-oukin a régné 20 ans, et non 21. Tout en admettant que Bérose a consulté les chroniques babyloniennes, l’épigraphiste Robartus van der Spek précise “ que cela ne l’a pas empêché d’y mêler interprétations et ajouts personnels”.

Que pensent de Bérose les autres spécialistes ? “ Naguère on tenait Bérose pour un historien, explique Stanley Burstein, qui a longuement étudié ses écrits, mais, conclut-​il, il n’avait manifestement pas l’étoffe d’un historien. Dans les fragments des Babyloniaca dont nous disposons, il se trompe plusieurs fois sur des faits simples [...]. De telles lacunes seraient rédhibitoires sous la plume d’un historien, mais Bérose n’a pas écrit dans une perspective historique3. ”

Dès lors, que faut-​il penser des œuvres de Bérose ? Peut-​on se fier aveuglément à ses calculs et computations ? Et que penser des autres historiens classiques qui, pour la plupart, ont fondé leur chronologie sur les écrits de Bérose ? Leurs déductions constituent-​elles vraiment des données historiques fiables ?

Le canon de Ptolémée

Le canon de Ptolémée, astronome du IIsiècle de notre ère, est une autre source citée à l’appui de la date traditionnelle de 587. Cette liste des rois babyloniens, perses, grecs et romains est considérée comme l’ossature de la chronologie de l’histoire ancienne, dont la période néo-babylonienne.

Ptolémée a élaboré cette liste quelque six siècles après la fin de la période néo-babylonienne. Comment a-​t-​il déterminé le début du règne du premier roi figurant sur sa liste ? Il explique qu’à partir de calculs astronomiques prenant en compte entre autres les éclipses, il a reconstitué la chronologie remontant au début du règne de Nabonassar, le premier roi de sa liste4. C’est ce qui fait dire à Christopher Walker, membre du British Museum, que le canon de Ptolémée était “ une construction artificielle destinée à fournir aux astronomes une chronologie cohérente ”, mais qu’il “ ne visait pas à léguer aux historiens un relevé précis des années d’accession au trône et de décès des rois”.

“ Le canon [de Ptolémée] a longtemps eu la réputation d’être fiable d’un point de vue astronomique, écrit Leo Depuydt, un des défenseurs les plus enthousiastes de Ptolémée, mais cela ne signifie pas automatiquement que l’ouvrage est une référence d’un point de vue historique. ” À propos de cette liste de rois, le professeur ajoute : “ Pour ce qui est des premiers rois [dont font partie les souverains néo-babyloniens], le canon mériterait une étude comparative, règne par règne, avec les sources cunéiformes6. ”

Que sont ces “ sources cunéiformes ” qui nous permettent d’estimer l’historicité du canon de Ptolémée ? On y trouve les chroniques babyloniennes, des listes de souverains et des tablettes commerciales, des documents écrits par des scribes qui ont vécu durant ou peu de temps après la période néo-babylonienne7.

La liste de Ptolémée s’accorde-​t-​elle avec ces sources cunéiformes ? L’encadré  “ Confrontation du canon de Ptolémée avec les tablettes antiques ” (ci-dessous) reprend un extrait de ce canon et le compare avec les tablettes anciennes. On note que la liste de Ptolémée ne compte que quatre rois entre les souverains babyloniens Kandalanou et Nabonide. Par contre, la liste des rois d’Ourouk, tirée des sources cunéiformes, révèle que sept souverains ont régné dans l’intervalle. Les règnes de ces personnages ont-​ils été trop brefs pour être mentionnés ? Selon les tablettes commerciales, l’un d’eux a régné sept ans8.

Par ailleurs, selon le témoignage des sources cunéiformes, il apparaît qu’avant Nabopolassar (le premier souverain de la période néo-babylonienne), un autre roi (Assour-etel-ilani) aurait régné quatre ans à Babylone. Enfin, le trône est resté vacant pendant plus d’un an à Babylone9. De tout cela, nulle mention dans le canon de Ptolémée.

Pourquoi Ptolémée a-​t-​il passé sous silence certains monarques ? De toute évidence parce qu’il ne les tenait pas pour des souverains légitimes de Babylone10. Il fait par exemple l’impasse sur Labashi-Mardouk, un roi néo-babylonien. Mais d’après les sources cunéiformes, les rois que Ptolémée a omis ont bel et bien dirigé la Babylonie.

Dans l’ensemble, on considère que le canon de Ptolémée est exact. Mais au vu de ces omissions, peut-​on vraiment se fier à ce document au point d’en tirer une chronologie historique de référence ?

La conclusion qui se dégage de ces éléments de preuve

En résumé, la Bible mentionne expressément un exil d’une durée de 70 ans. De nombreux éléments de preuve indiquent, et la plupart des spécialistes l’admettent, que les exilés juifs ont été de retour dans leur pays en 537 avant notre ère. La destruction de Jérusalem — 70 ans plus tôt — se situe donc en 607. Même si les historiens classiques et le canon de Ptolémée proposent d’autres dates, la fiabilité de leurs écrits suscite des doutes sérieux. Manifestement, ces deux témoignages ne suffisent pas à mettre en défaut la chronologie biblique.

D’autres questions méritent encore réponse. N’y a-​t-​il vraiment aucune preuve historique confirmant la date de 607 ? Il existe des documents cunéiformes qui peuvent être datés avec certitude ; beaucoup ont été écrits par des témoins oculaires des événements dont nous parlons. Que révèlent-​ils ? C’est ce que nous verrons dans notre prochaine édition.

[Notes]

^ § 4 Les ouvrages profanes signalent en général l’une ou l’autre date. Pour alléger le texte, nous mentionnerons dans cet article uniquement 587. Les abréviations “ av. n. è. ” et “ de n. è. ” signifient respectivement “ avant notre ère ” et “ de notre ère ”.

^ § 5 Nous éditons une traduction fiable de la Bible intitulée Les Saintes Écritures — Traduction du Monde Nouveau. Toutefois, à l’intention de nos lecteurs qui ne sont pas Témoins de Jéhovah et qui peuvent préférer consulter d’autres versions, nous citerons dans cet article diverses traductions de la Bible généralement reconnues.

^ § 23 L’Empire néo-babylonien a débuté avec le règne de Nabopolassar, le père de Nabuchodonosor, et a pris fin avec le règne de Nabonide. Cette période présente un grand intérêt pour les chercheurs, car elle couvre la plus grande partie des 70 ans de désolation.

[Encadré/Illustrations, page 28]

 UNE DATE FONDAMENTALE

On fixe à 539 avant notre ère l’année de la conquête de Babylone par Cyrus II en s’appuyant sur les témoignages suivants :

Sources historiques anciennes et tablettes cunéiformes : Diodore de Sicile (v. 80-20 av. n. è.) a écrit que Cyrus est devenu roi de Perse “ dans la première année de la cinquante-cinquième olympiade ”. (Bibliothèque historique, livre IX, 21.) Il s’agit de l’an 560. L’historien grec Hérodote (v. 485-425) raconte que Cyrus a été tué après avoir “ régné en tout vingt-neuf ans ”, ce qui situerait sa mort dans sa 30année de règne, à savoir 530 (Histoires, livre I, Clio, 214). Les tablettes cunéiformes indiquent que Cyrus est mort après avoir régné sur Babylone pendant neuf ans. Dès lors, si à compter de 530, année de sa mort, on remonte de neuf ans en arrière, la date de la conquête de Babylone par Cyrus est 539.

Confirmation par l’analyse d’une tablette : Une tablette astronomique babylonienne (BM 33066) confirme que Cyrus est mort en 530. Bien que certaines positions astronomiques y figurant soient erronées, cette tablette d’argile mentionne deux éclipses lunaires qui auraient eu lieu dans la septième année de Cambyse II, le fils et successeur de Cyrus. On les identifie à deux éclipses qui ont été visibles à Babylone le 16 juillet 523 et le 10 janvier 522, ce qui fixerait le début de la septième année de Cambyse au printemps 523. La première année de son règne correspondrait donc à 529. Par conséquent, la dernière année de Cyrus aurait été 530, ce qui établit la première année de son règne sur Babylone en 539.

[Indication d’origine]

Tablette : © The Trustees of the British Museum

[Encadré, page 31]

POUR RÉSUMER...

▪ Les historiens profanes affirment généralement que Jérusalem a été détruite en 587 avant notre ère.

▪ Les éléments de calcul de la chronologie biblique fournissent de solides raisons de situer cette destruction en 607.

▪ Les historiens profanes s’appuient principalement sur les écrits des historiens classiques et sur le canon de Ptolémée.

▪ Les écrits des historiens classiques contiennent des erreurs de taille et ne concordent pas toujours avec le témoignage des tablettes antiques.

[Encadré, page 31]

Notes

1. Babyloniaca (Chaldaeorum Historiae), livre I, 1.1.

2. Studies in Ancient Near Eastern World View and Society, page 295.

3. The Babyloniaca of Berossus, page 8.

4. Composition mathématique de Claude Ptolémée, III, 7, traduction de M. Halma, 1813, page 210. Ptolémée savait que les astronomes babyloniens recouraient à des procédés mathématiques pour “ computer ” les éclipses passées et futures, car ils avaient observé que les éclipses de même nature se reproduisaient tous les 18 ans. — Composition mathématique, IV, 2.

5. Mesopotamia and Iran in the Persian Period, pages 17-18.

6. Journal of Cuneiform Studies, volume 47, 1995, pages 106-107.

7. Le cunéiforme était une écriture réalisée sur argile humide ; à l’aide d’un stylet affûté en forme de “ coin ”, ou clou, le scribe pratiquait des empreintes sur une tablette.

8. Sin-sharra-ishkoun a régné pendant sept ans ; de ce souverain nous sont connues 57 tablettes commerciales datées de l’an 1 jusqu’à l’an 7 de son règne. Cf. Journal of Cuneiform Studies, volume 35, 1983, pages 54-59.

9. La tablette commerciale C.B.M. 2152 est datée de la quatrième année de Assour-etel-ilani. (A. T. Clay, Legal and Commercial Transactions Dated in the Assyrian, Neo-Babylonian and Persian Periods—Chiefly From Nippur, 1908, page 74.) Par ailleurs, les inscriptions de Nabonide de Harrân (H1B), colonne 1, ligne 30, le citent juste avant Nabopolassar. (Anatolian Studies, vol. VIII, 1958, pages 35, 47.) À propos de l’interrègne, cf. chronique 2, ligne 14, dans Assyrian and Babylonian Chronicles, pages 87-88.

10. Des historiens prétendent que Ptolémée, censé établir la liste des rois de Babylone, a omis certains souverains parce qu’ils portaient le titre de “ roi d’Assyrie ”. Cependant, comme vous le noterez dans l’encadré de la page 30, plusieurs monarques figurant dans le canon de Ptolémée portaient eux aussi le titre de “ roi d’Assyrie ”. Des tablettes commerciales, des lettres cunéiformes ainsi que des inscriptions révèlent que les rois Assour-etel-ilani, Sin-shoumou-lishir et Sin-sharra-ishkoun ont gouverné la Babylonie.

[Tableau/Illustration, page 29]

 (Voir la publication)

LES SOUVERAINS NÉO-BABYLONIENS

Si ces historiens sont infaillibles, pourquoi leurs chiffres ne concordent-​ils pas ?

Souverains

Nabopolassar

BÉROSE v. 350-270 av. n. è. (21)

POLYHISTOR 105- ? av. n. è. (20)

JOSÈPHE 37- ? 100 de n. è. (—)

PTOLÉMÉE v. 100-170 de n. è. (21)

Nabuchodonosor II

BÉROSE v. 350-270 av. n. è. (43)

POLYHISTOR 105- ? av. n. è. (43)

JOSÈPHE 37- ? 100 de n. è. (43)

PTOLÉMÉE v. 100-170 de n. è. (43)

Amel-Mardouk

BÉROSE v. 350-270 av. n. è. (2)

 POLYHISTOR 105- ? av. n. è. (12)

JOSÈPHE 37- ? 100 de n. è. (18)

PTOLÉMÉE v. 100-170 de n. è. (2)

Nériglissar

BÉROSE v. 350-270 av. n. è. (4)

POLYHISTOR 105- ? av. n. è. (4)

JOSÈPHE 37- ? 100 de n. è. (40)

PTOLÉMÉE v. 100-170 de n. è. (4)

Labashi-Mardouk

BÉROSE v. 350-270 av. n. è. (9 mois)

POLYHISTOR 105- ? av. n. è. (—)

JOSÈPHE 37- ? 100 de n. è. (9 mois)

PTOLÉMÉE v. 100-170 de n. è. (—)

Nabonide

BÉROSE v. 350-270 av. n. è. (17)

POLYHISTOR 105- ? av. n. è. (17)

JOSÈPHE 37- ? 100 de n. è. (17)

PTOLÉMÉE v. 100-170 de n. è. (17)

(#) = Durées de règne (en années) d’après les historiens classiques

[Indication d’origine]

Photographie prise avec l’aimable autorisation du British Museum

[Tableau/Illustrations, page 30]

(Voir la publication)

CONFRONTATION DU CANON DE PTOLÉMÉE AVEC LES TABLETTES ANTIQUES

Dans sa liste, Ptolémée omet plusieurs rois. Pourquoi donc ?

CANON DE PTOLÉMÉE

Nabonassar

Nabou-nadin-zeri (Nadinou)

Moukin-zeri et Poul

Ouloulaï (Salmanasar V), “ roi d’Assyrie ”

Mérodac-Baladan (Merodak-Baladân)

Sargon II, “ roi d’Assyrie ”

Premier interrègne

Bel-ibni

Ashour-nadin-shoumi

Nergal-shezib

Moushezib-Mardouk

Deuxième interrègne

Assarhaddon (Ésar-Haddôn), “ roi d’Assyrie ”

Shamash-shoum-oukin

Kandalanou

Nabopolassar

Nabuchodonosor (Neboukadnetsar)

Amel-Mardouk

Nériglissar

Nabonide

Cyrus

Cambyse

LISTE DES ROIS D’OUROUK FOURNIE PAR LES TABLETTES ANCIENNES

Kandalanou

Sin-shoumou-lishir

Sin-sharra-ishkoun

Nabopolassar

Nabuchodonosor (Neboukadnetsar)

Amel-Mardouk

Nériglissar

Labashi-Mardouk

Nabonide

[Illustration]

Les chroniques babyloniennes font partie des documents cunéiformes qui permettent d’estimer la fiabilité du canon de Ptolémée.

[Indication d’origine]

Photographie prise avec l’aimable autorisation du British Museum

[Crédit photographique, page 31]

Photographie prise avec l’aimable autorisation du British Museum